Les principes de la signalisation (M. Bessis - Bridgeur n°705
- mars 1998)
cf. : « La
signalisation sur l’entame à Sans-Atout »
cf. : « La signalisation sur l’entame à la couleur »
La signalisation a pour but principal de
permettre de compter. En outre, de temps en temps, le raisonnement seul ne
suffisant pas à résoudre ces problèmes, c'est la signalisation qui permettra de
lever les ambiguïtés qui demeurent.
Il y a plusieurs façons d'aborder ce domaine
délicat. Dans beaucoup de pays, la signalisation est basée sur la notion
d'appel refus. Ce ne sera pas le style que nous adopterons ici. Les meilleurs
joueurs français ont une autre façon de concevoir les choses. Un des deux
joueurs signale le plus intelligemment possible, l'autre analyse, réfléchit et
en déduit un plan de défense.
Imaginons, par exemple, que votre partenaire
appelle à ♠. Votre raisonnement
doit alors être le suivant :
« Compte tenu de ce signal, que dois-je
jouer ? »
L'attitude à éviter consiste à rejouer ♠
sans plus attendre, en raison de cet appel. Nous considérerons donc en général
les cartes fournies par le partenaire comme des signaux et non comme des
ordres.
Une fois énoncé ce principe de base, il reste
à résoudre le problème principal de la signalisation : la compréhension
réciproque des signaux et leur domaine d'utilisation. Toute la complexité de la
signalisation vient du fait qu'il existe plusieurs types de signaux et qu'une
même carte jouée dans des circonstances différentes peut convoyer trois
messages différents.
I - LES TROIS GRANDS TYPES DE SIGNAUX
1) Le pair-impair
Son but est d'indiquer au partenaire le
nombre de cartes détenues dans la couleur jouée. Rappelons-en brièvement le
fonctionnement :
On montre un nombre impair de cartes en
fournissant la carte la plus petite. Pour signaler un nombre pair de cartes, on
fournit une grosse carte :
- la plus grosse si on en détient deux
(attention de ne pas vous débarrasser inconsidérément d'un honneur).
- la seconde meilleure avec quatre cartes
(attention à ne pas vous départir d'une carte qui « joue »).
Remarque : nous le verrons plus tard en
approfondissant la signalisation sur l'entame, on ne fournit que très rarement
un honneur pour indiquer le nombre de cartes possédées.
2) l'appel direct
Le but de ce signal consiste à indiquer au partenaire
si la couleur jouée nous plaît ou non. A cette fin, on fournira une petite
carte pour indiquer que la couleur ne nous intéresse pas et une grosse carte
pour encourager la continuation de la couleur.
Comme pour le signal pair impair, le
partenaire devra déchiffrer la carte fournie pour bien savoir s'il s'agit d'une
petite ou d'une grosse carte.
3) l'appel de préférence
C'est un signal somme toute assez bizarre
puisqu'il ne donne aucune indication sur la couleur jouée. Il informe sur le reste
du jeu et indique comment sont situés les honneurs dans les autres couleurs.
Une grosse carte sera un signal indiquant des honneurs dans la couleur la plus
chère, une petite carte signalant une préférence pour la couleur la moins
chère. Un problème est à régler: ce signal a l'air de ne pouvoir concerner que
deux couleurs. Or, rappelons-le, il y a quatre couleurs au bridge. En fait, il
n'y aura en général pas d'ambiguïté car, dans un contrat à la couleur, on
exclura, outre la couleur jouée, la couleur d'atout, et, dans un contrat à
Sans-Atout, il n'y aura, la plupart du temps, à signaler une préférence
qu'entre deux couleurs.
Une deuxième remarque s'impose : il est
extrêmement fréquent qu'un joueur ne veuille rien signaler, peut-être tout
simplement parce qu'il n'a rien. Il s'attachera alors, si la situation peut
prêter à confusion, à fournir une carte intermédiaire non significative. Si ses
possibilités de choix sont moindres, il fournira la plus petite carte qui
pourra donc cacher un signal d'indifférence.
II - LES PROBLEMES FONDAMENTAUX DE LA
SIGNALISATION
La description des différents signaux
ci-dessus montre, si besoin était, l'importance de la tâche qui incombe à ceux
qui sont désireux de bien comprendre leur partenaire. En effet, imaginons que,
dans une situation donnée, votre partenaire fournisse le 8♦. Vous le lisez comme une grosse carte, et
maintenant ? Est-ce un appel à ♦,
l'indication d'un nombre de cartes dans cette couleur ou bien un appel de
préférence pour la plus chère des autres couleurs ?
Tout le problème est là, et de même que l'on
a établi un Système d'Enchères Français standard dans le but de parler le même
langage de Lille à Marseille en passant par Brest et Strasbourg, il convient
d'effectuer le même travail dans le domaine de la signalisation et de
déterminer dans quelle situation une carte est un appel direct, un signal de
compte, une indication préférentielle ou même ne veut rien dire.
Certains, souvent inconsciemment, résolvent
cet immense problème à l'aide d'un maniérisme insuffisamment sanctionné à mon
goût : C'est très simple, une carte fournie 'dans la foulée' est un
pair-impair, quand elle est un peu appuyée, c'est un appel direct et après une
bonne hésitation, il s'agit d'un appel préférentiel. Ce système est imparable mais
il est incorrect. C'est pourquoi il convient de résoudre différemment nos
difficultés.
Il existe quatre situations principales de
signalisation :
1) sur l'entame du partenaire.
2) En fournissant quand le déclarant ou le
partenaire joue une couleur.
3) En rejouant soi-même une nouvelle couleur
ou une couleur déjà jouée.
4) En défaussant.
Dans les quatre situations, on peut quasiment
se servir des trois principaux signaux.
cf. : « La
signalisation sur l’entame à Sans-Atout »
cf. : « La signalisation sur l’entame à la couleur »