La convention Walsh (D.
Avon – Bridgeur n° 809 - septembre 2007)
A.
Définition
Cette
convention consiste :
1. Sur
l'ouverture de 1♣ et la réponse de 1♦, à enchérir 1 Sans-Atout avec une main régulière de première zone (12-14), avec ou sans couleur majeure (option de
la convention Walsh la plus courante). La nomination d'une majeure montre
toujours une main irrégulière (4-4-4-1, 5-4-2-2 ou plus).
2. Sur une
ouverture mineure et la réponse de 1♥, à enchérir
1 Sans-Atout avec une main régulière,
avec ou sans quatre cartes à Pique. Cette deuxième option demande plus
d'aménagements et est moins courante. Exemple :
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦/♥ -
1SA
avec :
♠ R D 8 6
♥ D 3
♦ R 4 2
♣ R X 3 2
mais :
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦/♥ -
1♠
avec :
♠ R D 8 6
♥ 3
♦ R 4 2
♣ A V 9 8 3
B.
Avantages
1. Avantage
immédiat
Donner une idée précise de la main dès la
redemande de l'ouvreur (mains 4-3-3-3, 4-4-3-2 ou 5-3-3-2) sans rater le fit
majeur, contrairement à ce qui peut arriver si vous avez adopté le Sans-Atout
faible. Quant au SEF (système d'enchères français), il ne fait aucune différence,
s'agissant de la redemande de l'ouvreur, entre les mains 4-3-3-3 et les mains
plus excentrées (6-4-2-1 par exemple, voire plus).
2. Avantages
« au second degré »
(après l'ouverture de 1♣)
Le répondant,
avec une main banale sans majeure, peut « choisir »
de répondre plus fréquemment 1♦ (et
non 1SA), sachant que l'ouvreur annoncera en priorité 1SA avec une main
régulière et deviendra de ce fait le déclarant. D'autre part, si le répondant a
une réponse évidente de 1♦, le déclarant,
en disant 1SA et en cachant ses éventuelles majeures, complique
considérablement la tâche du flanc, aussi bien pour l'entame que pour un réveil
possible.
Enfin,
cette convention peut aider au choix de
la « meilleure » partielle. Après un début tel que 1♣ - 1♦ -
1♠ (montrant au moins cinq cartes à Trèfle et quatre cartes à Pique), le
répondant, avec une main plate et trois ou quatre cartes à Trèfle, peut
enchérir 2♣ au lieu de 1 SA. Exemple :
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦ -
1♠ -
2♣
avec :
♠ D 2
♥ V 4 3
♦ R X 6 5
♣ D 4 3 2
Le répondant
annonce 2♣ avec la connaissance d'un
fît au moins neuvième à Trèfle.
3. Avantage pour la découverte de chelems
mineurs
Quand
la redemande de l'ouvreur n'est pas 1 SA, montrant ainsi une mineure
d'ouverture toujours « vraie » (au moins quatrième dans la séquence 1♣ - 1♦ -
l♥ et au moins cinquième dans la séquence 1♣ - 1♦ -
l♠), le répondant peut exercer son jugement et fitter en jump la mineure d'ouverture, ceci même avec une main
relativement régulière. Exemple :
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦ -
1♠ -
3♣
avec :
♠ A 3
♥ R D 2
♦ A 7 4 2
♣ R V 7 6
En
système classique, il faudrait passer par une quatrième couleur (sans garantie
de déceler le fit neuvième à Trèfle) ou déclarer 3 Sans-Atout.
Si la
main de l'ouvreur est par exemple :
♠
R D 7 5
♥ A V 3
♦ 3
♣ D X 8 5 4
le
chelem à Trèfle est évident, alors que 3 Sans-Atout peut chuter.
C.
Inconvénients
1. Mains faibles
Avec
une main très faible, le répondant (court à Trèfle) peut être gêné pour dire 1♦ avec l'intention de passer sur toute réponse
de l'ouvreur, sachant qu'il risque d'entendre 1 SA (exemple : ♠ D64 ♥ V875 ♦ D10643 ♣ 2).
Cet inconvénient
pourrait entraîner certains à ne pas jouer la convention Walsh en tournoi par
paires où le score partiel prime, tandis qu'une mauvaise partielle est « supportable »
en match par quatre si, par ailleurs, on peut découvrir des manches (voire des
chelems) en mineure de façon plus souple.
2. Mains fortes
Avec les
mains lourdes et régulières de l'ouvreur (18-19H), il est préférable de
redemander à 2 SA (cachant la ou les majeures), sous peine d'avoir des
problèmes de description ultérieurs. Cet inconvénient est relatif, de nombreux
champions ont déjà choisi de privilégier la force de la main en première
redemande.
3. Le revers de la médaille
En SEF
classique, la séquence 1♣ - 1♦ - lSA montre au moins quatre (souvent cinq)
cartes à Trèfle. Avec la convention Walsh, la teneur à Trèfle est inconnue
(trois, quatre ou cinq cartes).
D.
Développements ultérieurs
1. Mains de manche
Après le
démarrage 1♣ - 1♦ - lSA, le répondant, s'il possède une main de
manche (plus de 11 H), peut évidemment avoir une ou deux majeures quatrièmes.
On continue alors la séquence comme après l'ouverture de 1 Sans-Atout, c'est-à-dire
que 2♣ est un Stayman. Exemples :
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦ -
1SA -
2♣
avec :
♠ A 8 6 3
♥ R 4
♦ R D V 9 5
♣ 4 3
Sud Ouest
Nord Est
1♣
- 1♦ -
1SA -
2♠
avec :
♠ A 9 4
♥ 6
♦ R D V 8 7 4
♣ A 9 5
Le répondant
dit 2♠ (force à Pique), envisageant 3 Sans-Atout si l'ouvreur les nomme,
ou 5 ou 6 Carreaux si la main de l'ouvreur s'y prête (♠ RD83 ♥ 754 ♦ A93 ♣ RV3).
Certains
utilisateurs de la convention choisissent de nommer naturellement leur majeure
s'ils ont cinq Carreaux et une majeure.
Remarque : de plus, après le début de séquence 1♣
- 1♦ - l♥(♠),
le soutien au palier de 3♥(♠), est
forcing de manche, le répondant ne pouvant détenir une main limite avec quatre
cartes dans une majeure et cinq cartes à Carreau.
2. Mains limites
Après le
démarrage 1♣ - 1♦ - l♥(♠),
le soutien à 2♥(♠) montre une main
limite et le désir de jouer une partielle à sept atouts (avec ♠ R76 ♥ 43 ♦ RV975 ♣ 832 la séquence sera 1♣ - 1♦ -
l♠ - 2♠).
E. Le WALSH complet
1. Définition
La séquence 1♣(♦) - 1♥ - 1SA
peut également cacher quatre cartes à Pique.
2. Avantages
Ils sont les
mêmes que précédemment :
• Ignorance
de la présence ou non des Piques, d'où la difficulté pour le flanc de réveiller
et/ou d'entamer.
• Contrat
joué de la « bonne main » (celle de l'ouvreur).
•
Connaissance d'une main irrégulière dans la séquence 1♣(♦) - 1♥ - 1♠.
3. Inconvénients
Retrouver les
Piques ! On peut décider conventionnellement de poursuivre artificiellement par
2♦ sur la redemande à 1 SA pour signaler
la présence des quatre cartes à Pique. Exemple :
Sud Ouest
Nord Est
1♣(♦) -
1♥ -
1SA -
2♦
Montre quatre
cartes à Pique (dans une main limite si cinq Cœurs et quatre Piques, dans une
main illimitée si quatre Cœurs et quatre Piques). Le danger est que l'on risque
évidemment de jouer, de temps en temps, une partielle à sept atouts au lieu de
1 Sans-Atout, qui sera le contrat joué majoritairement. Doit-on dire, encore
une fois, que cette convention ne devrait être jouée qu'en match par quatre ?
F. Conclusion
En
conclusion, peut-on dire que cette convention privilégie les contrats élevés en
mineure (manche et chelem) ? Certainement. Donc qu'elle semble mieux adaptée au
match par quatre (?) Certainement. Pour les scores partiels, la connaissance de
la longue mineure dès la redemande peut compenser le fait de parfois passer à
côté du contrat de 1 Sans-Atout. Pour ma part, je trouve cette convention très
enrichissante, tout en restant dans le cadre d'un système bien défini qu'est le
SEF. Elle apporte un « plus » sans remettre en cause l'acquis.
Bibliographie
Standard
2000, tome 2, de Pierre Chidiac, Jean-Christophe Quantin et Daniel Beaucourt.
L’avis de la rédaction du « Bridgeur »
Nous ne
chercherons pas ici à critiquer une convention pratiquée par l'ensemble du
continent américain et une bonne partie du reste du monde. Ce n'est sans doute
pas sans raison que le Walsh est apprécié par ses utilisateurs. Nous lui
accorderons donc un label de qualité, les avantages compensant probablement les
inconvénients. Mais comme avec toute convention sophistiquée et aux nombreuses
inférences, nous ne saurions trop recommander à d'éventuels amateurs de bien
faire le tour de la question (un travail sérieux avec son partenaire) avant de
se lancer. Car son principal défaut est sans doute là : ce n'est pas une
convention que l'on peut jouer avec un partenaire de rencontre ou occasionnel.