Flanc : Quel honneur fournir éventuellement face à l'entame (M. Bessis - Bridgeur n°746 - décembre 2001)

 

Une série d'exercices accompagne cet article (voir « jeux & exercices / testez votre jeu de la carte»)

 

La théorie

 

Deux situations différentes se présentent suivant que vous pouvez forcer ou non. Si vous possédez une carte supérieure à celle fournie par l'entameur et le mort, vous devez fournir une forte carte pour aider à l'affranchissement de la couleur du partenaire. Si vous ne pouvez pas couvrir, soit parce que votre partenaire est maître, soit parce que le mort a fourni une grosse carte, vous devez alors le signaler.

 

A - Comment forcer en troisième position ?

 

La règle est simple : vous devez fournir une grosse carte (la plus forte s'il n'y a pas d'honneur au mort). Mais attention, avec plusieurs cartes équivalentes, c'est la plus petite de ces cartes qu'il faut mettre.

 

B - Comment signaler si le partenaire ou le mort est maître ?

 

Compte tenu des caractéristiques différentes de l'en­tame à Sans-Atout et à la couleur, il est légitime de divi­ser en deux notre étude.

 

1. A la couleur

Rappelons tout d'abord que l'entame d'un honneur ne promet que l'honneur strictement inférieur. En consé­quence, on ne devra pas se montrer trop généreux dans les déblocages, sous peine d'affranchir des levées indues au déclarant.

 

a) Le problème du doubleton commandé par un honneur

Les règles

Sur entame de l'As :

On doit montrer son doubleton s'il est commandé par le Valet ou par une carte plus petite. On ne fournira pas la Dame avec la Dame seconde.

 

Sur entame du Roi :

On ne doit pas marquer son doubleton avec le Valet second (sauf Valet-lO secs). En revanche, il est obliga­toire de fournir la plus forte de ses deux cartes si elle n'est pas supérieure au 10.

 

Sur entame d'une petite carte :

Si le mort est maître, vous ne devez pas montrer votre doubleton s'il est commandé par un honneur (10 exclu).

 

b) Le problème des séquences d'honneurs

Signalons tout d'abord qu'avec un doubleton composé de deux honneurs qui se suivent (RD, DV V1O, 109), c'est évidemment le plus gros des deux honneurs qu'il faut fournir si c'est le partenaire ou le mort qui est maître.

· Si vous détenez un nombre de cartes plus important, fournir la tête de la séquence sous l'honneur du parte­naire ou du mort n'est pas toujours automatique. Le souci de ne pas donner de pli (voire d'élément d'im­passe) au déclarant doit demeurer sans cesse présent à votre esprit. Rien n'est pire que de choisir une signalisa­tion apparemment correcte qui livre une levée, voire le contrat.

Considérez, par exemple, le cas suivant:

       7 6 5

A              V X 2

 

Si, sur l'As, vous fournissez le Valet, vous risquez de perdre une levée dans la couleur si la position est la sui­vante :

       7 6 5

A R 8 3        V X 2

       D 9 4

 

En conséquence, quand vous posséderez seulement deux honneurs consécutifs, vous ne fournirez la tête de la séquence que si vous êtes sûr que cela ne donne pas de pli.

Si vous disposez de cartes qui sont toutes équivalentes entre elles (DV1O9, V109, RD....), il faudra toujours fournir la tête de séquence quel que soit le nombre de cartes détenues (à convenir avec son partenaire).

 

Dans les autres cas, vous vous conformerez aux règles suivantes, qui évidemment seront transgressées si le mort vous interdit un quelconque déblocage :

1. Sur entame de l'As, fournissez la Dame dès que vous possédez DV

2. Fournissez systématiquement la tête de séquence sous l'honneur joué par le mort ou votre partenaire si vous possédez au moins trois cartes équivalentes (RDV, DV1O, V109).

3. Avec seulement deux cartes équivalentes, réfléchissez aux risques de donner un pli avant d'indiquer votre teneur par un déblocage qui pourrait s'avérer coûteux.

 

Une exception, tout de même : avec V10x ou VlOxx, fournissez le Valet si votre partenaire entame du Roi.

 

2. A Sans-Atout

Les principes exposés ci-dessus restent bien sûr valables mais des problèmes nouveaux apparaissent qui proviennent :

. De la nécessité de ne pas bloquer la couleur d'entame si l'on possède un honneur second et que le mort est maitre.

· Des inférences que l'on peut tirer de l'entame choisie (quatrième meilleure, séquences).

. Des règles particulières à appliquer sur l'entame du Roi.

 

La signalisation sur l'entame du Roi

La règle

Sur l'entame du Roi, le partenaire de l'entameur doit sys­tématiquement et obligatoirement débloquer tout hon­neur possédé (As, Dame, Valet).

Les petites exceptions à cette règle :

- L'une est évidente : Si le mort possède une carte que le déblocage peut affranchir, il faudra déroger.

- La deuxième est moins connue : Si le mort possède un singleton, c'est dans la main cachée que l'on peut affranchir une levée. Le déblocage systématique est alors abandonné au profit d'une signa­lisation appel/refus.

 

Le déblocage des honneurs seconds

Ce problème se pose avec beaucoup plus d'acuité dans un contrat à Sans-Atout. En effet, vous l'avez sûrement constaté, il est épouvantable de rester coincé en main avec un honneur sec (au deuxième tour de la couleur) et de ne pas pouvoir contribuer à l'affranchissement, ou à la réalisation, de la couleur d'entame du parte­naire.

 

Quelques exemples pour vous le confirmer:

            A X

V 9 8 7 4            D 3

            R 6 5 2

 

Si vous fournissez le 3, le déclarant laissera passer le deuxième tour et la couleur sera bloquée.

            R 4

A V 9 6 5            D 8

            X 7 3 2

 

Si vous fournissez le 8, vous rejouerez la Dame quand vous prendrez la main et... raté!

Si vous débloquez la Dame, votre partenaire pourra prendre le 10 du déclarant avec son Valet et rejouer la couleur pour l'affranchir.

 

En fait, il est tout à fait vital de penser à débloquer si vous disposez d'une reprise rapide. Si ce n'est pas le cas, le déblocage ne sera peut-être pas couronné de succès mais il sera rarement mal joué de l'effectuer (il faudrait que votre partenaire possède au moins deux reprises et vous aucune).

Ce déblocage devra également être effectué sur l'entame d'une tête de séquence s'il n'y a pas de contre-indication réellement apparente.

Exemples :

            R 4 2

V X 9 6 3            D 7

            A 8 3

 

Mais :

            R 9 2

V                    D 7

 

La règle : À Sans-Atout, il faudra systématiquement débloquer les honneurs seconds à moins que la situation ne vous l'in­terdise.

 

Le maniement des séquences d'honneurs

La règle est toujours la même : pour forcer, on fournit "la queue de la séquence". Si le mort est maître, on doit four­nir la tête de la séquence.

 

Deux remarques s'imposent :

· Sur l'entame d'une tête de séquence

Vous devez, même si vous disposez d'honneurs équiva­lents à l'entame, fournir un de ces honneurs pour déblo­quer la couleur.

Exemples :

            A 4 2

X                    D V 3

Le plus petit pour forcer.

 

            R 5

 

X                    D V 3

Le plus gros pour signaler.

 

· Sur l'entame d'une petite carte

Ce n'est qu'après l'analyse de la situation (règle de onze...) que vous déciderez s'il est opportun de déblo­quer un honneur en séquence.

Exemples :

            A 5

4                    R D 2

Le 4 signale une entame intéressante.

 

            A 5

8                    D V 2

N'affranchissez pas le 10 du déclarant qui possède, a priori, R 10 9 (x).